Chaque année, l’Union locale de Colmar propose une rencontre-information. La rencontre de 2020 devait prendre la forme d’une pièce de théâtre, une façon originale de dénoncer de multiples formes de souffrance liées aux pratiques inadaptées dans la prise en charge des personnes âgées.

« Monter sur les planches et, avec beaucoup d’humour et tout en manifestant notre appartenance à la CFDT, revivre les étapes qui mènent au séjour en Ehpad », explique Jacqueline qui a rassemblé les notes prises lors des réunions de l’Union locale et proposé des textes. « Gaby a trouvé une salle pour les répétitions et la représentation publique, et surtout elle est douée pour la mise en scène », précise Jacqueline qui, avec les huit autres membres du bureau, est au cœur de l’aventure. Dès 2019, le défi est relevé et « les apprentis comédiens » trouvés au sein de l’équipe. Hélas, le confinement et les maladies ont obligé la troupe à reporter la représentation.

Une vidéo mise en ligne

Deux ans ont passé et la Covid un temps oubliée. Le livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet a mis la vie en Ehpad à la Une de l’actualité lorsque les retraités de Colmar ont repris leurs répétitions, avec une équipe en partie renouvelée, puisque l’âge et la maladie avaient décimé la troupe. Ils sont une trentaine à s’impliquer. Pour ne pas être une nouvelle fois pris de court, l’équipe a fixé une date pour la représentation.

Un ami, membre d’un vidéo-club, s’est chargé de filmer la pièce au plus vite. La CFDT Retraités du Haut-Rhin a pris les frais en charge, soit 500 euros. La pièce est désormais visible sur Internet.

Au conseil de la vie sociale, des doléances entendues mais pas satisfaites

Sur les planches, des comédiens jouent les filles et fils qui entourent un vieux père malade, subissent le diagnostic du médecin, cherchent le meilleur placement au meilleur coût, se heurtent à la complexité des documents à fournir.

Puis la scène devient Ehpad, le personnel soignant s’avère trop peu nombreux. Entre elles, des résidentes se plaignent du manque de couches. Réunion du conseil de la vie sociale, les délégués s’indignent du peu de cas accordé à leurs remarques. Leurs doléances sont entendues mais pas satisfaites. La bonne humeur règne durant l’après-midi récréatif.

Des pas de danse sont exécutés savates aux pieds. Avec Cécile à la guitare, le chœur chante, sur l’air de « La Ballade des gens heureux », « Le grand âge qui nous rassemble est difficile à accepter. Nous voulons tous être heureux et nous chantons la ballade des gens heureux ». L’humour et la dérision égayent ce spectacle où l’entraide et la camaraderie gardent leur place.

Avec les chapeaux CFDT

Joie, bonheur et plaisir se lisent sur les visages des comédiens mais ils ne cachent pas l’objet du spectacle : « Dénoncer les pratiques inacceptables de certains établissements. » Jacqueline, responsable de l’Union locale, a sorti les chapeaux CFDT. L’enthousiasme a été communicatif. Le public était au rendez-vous. Des amis ont rejoint la troupe et le syndicat.

« Je suis fière de constater que nous arrivons à mettre les adhérents dans le coup aussi bien pour cette pièce de théâtre que pour manifester. Lorsque les retraités sont concernés nous sommes là. Nous avions préparé une chanson pour les soignants. D’ailleurs, l’une d’elles va prochainement adhérer chez nous. Quant aux jeunes retraités que nous arrivons à mobiliser, s’ils le veulent, on les prend au bureau. »
Denis Ritzenthaler